En 1939, la cinéaste belge Hélène Schirren a réalisé ce film promotionnel sur la Haute-École coloniale, une institution fondée en 1920 et qui abrite aujourd’hui le rectorat de l’Université d’Anvers, sur le campus de Middelheim.
Ces images d’archive remontent à l’époque coloniale, une période marquée par la violence, l’oppression, l’exploitation et le racisme à l’égard des Congolais. Certaines images peuvent donc être difficiles à regarder.
Sous l'Etoile d'Or
Au sein de la Haute-École coloniale, de jeunes Belges étaient formés pour devenir de hauts fonctionnaires dans les colonies et les diriger ensuite d’une main de fer. L’éducation y était donc élitiste, masculine, coloniale et militaire. Le film illustre un programme d’études qui met l’accent sur l’excellence et la domination physiques et mentales. L’enseignement y était également technique et scientifique, selon les normes de l’époque, avec l’étude du génie mécanique, de la botanique et des langues locales, en plus des coutumes et habitudes locales, de l’administration publique et du droit administratif. Un travail de fin d’études ponctuait la formation. La défense de ce travail se tenait dans l’amphithéâtre de cérémonie, où le diplôme final était également remis en grande pompe.
Les images en noir et blanc et le ton du commentaire donnent à l’ensemble un caractère très austère. Mais la philosophie d’enseignement était quoi qu’il en soit bel et bien empreinte d’une mentalité hiérarchique, autoritaire et coloniale, où les populations noires se trouvaient tout en bas de l’échelle.
La séquence où un professeur, entouré de jeunes élèves, commente la forme d’un crâne, a par exemple de quoi intriguer. Il s’agit sans doute d’une analyse « raciale », affirmant que, dans l’évolution d’homo sapiens, la population noire était toujours en position d’infériorité. Dans les milieux universitaires et politiques, cette analyse était en effet très répandue.
Dans le concept colonial belge de l’époque, la population noire n’avait également droit qu’à l’enseignement primaire, la Belgique développant ses colonies selon le principe de l’apartheid.
Le film coïncide avec une visite du Premier ministre belge de l’époque, Hubert Pierlot, à la Haute-École coloniale. Très brièvement, à la fin, on aperçoit également le roi Léopold III, même si l’extrait en question a été enregistré dans un autre lieu.
On y voit également le Premier ministre déposer une couronne de fleurs sur un monument. Celui-ci a été érigé à la mémoire des Belges de la région d’Anvers décédés dans l’État libre du Congo, c’est-à-dire avant 1908. Situé à droite du bâtiment colonial, derrière les arbres, il est actuellement envahi par les mauvaises herbes et les buissons. On peut y voir la métaphore de ce que beaucoup ont oublié, mais qui ne disparait jamais totalement.
La Haute-École coloniale est restée ouverte jusqu’en 1962. L’Université d’Anvers est le successeur indirect de cette institution coloniale, car en 1965, le personnel de l’ancienne école a été intégré au Centre universitaire national d’Anvers (RUCA). Les bâtiments ont également été transférés à l’université.
L’amphithéâtre de cérémonie a été solennellement rebaptisé « Amphithéâtre Patrice Lumumba » en mars 2023.