Editie 2007 - 1
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Frederik Buylaert: Familiekwesties. De beheersing van vetes en private conflicten in de elite van laatmiddeleeuws Gent Veerle Vanden Daelen: Staat in de stad? Integratie en afzondering van Joden in Antwerpen in de twintigste eeuw Joks Janssen: Stadsontwikkeling als sociaal-religieuze kwestie. De 'Commissie Grote Stad' en de ruimtelijke ordening van de regio Eindhoven (195-1960) Ilja Van Damme: Pendelen tussen revoluties en tradities. Recent historisch onderzoek naar de kleinhandel in de late mideleeuwen en de nieuwe tijd (ca. 1450-ca. 1850) Jan Hein Furnée en Ed Taverne: De herinnering aan de stad is eindig. Interview met historicus Willem Frijhoff. |
Abstracts
Frederik Buylaert
‘Family matters. Controlling feuds and private conflicts in late medieval urban elites (Ghent)'
This contribution focuses on the question how conflicts were managed in the elite of late medieval Ghent. Around 1300, the mighty urban patriciate was torn asunder by several violent feuds between leading families. Those feuds fueled the strife between the Ghent patriciate and the politically frustrated guilds, and linked themselves with larger political tensions in Flanders. In the fourteenth and fifteenth century, however, large-scale feuding disappeared. Elite conflicts became by no means rare, but they became less violent and they did no longer interconnect with other social tensions. This was not caused by the rise of the state and its presumed establishment of a rule of law, though the ascension of an uncontested princely dynasty did much to sap the life force of local feuds to become breeding grounds for faction strife. Instead, the reshaping of conflict management in the Ghent elite was closely interlinked with a reshaping of the social and political structure of the urban community. In this new setting, conflicts and feuds were settled by pre-existing mechanisms of conflict resolution, which were inherent in the functioning of the extended families of the Ghent patriciate as managers of wealth, status and political power. This provided the highly charged elite with a remarkable social stability, which was secured neither by the state, nor by the official ways of conflict resolution organized by the city government.
‘Questions de famille. Le contrôle des conflicts privés parmi les élites urbaines de Gand au bas moyen âge’
Cette contribution traite essentiellement de la question de savoir comment, dans le Gand de la fin du Moyen Age, les élites géraient leurs conflits internes. Vers 1300 la classe patricienne au pouvoir fut déchirée par plusieurs conflits violents. Ces conflits agravaient la rivalité entre les familles patriciennes et les corps de métier frustrés de pouvoir. En outre, ces conflits se situent dans le contexte de tensions politiques plus larges en Flandre. Cependant, ces conflits tendent à disparaître vers la fin du quatorzième et au début du quinzième siècle. Ce n’est pas comme si ces conflits d’élite avaient disparu, mais ils étaient devenus moins violents et le rapport avec d’autres tensions sociales n’y était plus. Ceci n’était pas tellement la conséquence de la croissance du pouvoir du prince et l’établissement d’un système de droit, quoique l’ascension d’une dynastie princière incontestée fit beaucoup pour afaiblir les conflits locaux, évitant en même temps qu’ils ne servent de combustible aux luttes de clans. La transformation de la gestion des conflits des élites gantoises était étroitement liée à une réforme des structures sociales et politiques de la communauté urbaine. Dans ce nouveau contexte, les conflits et les animosités étaient résolus par des mécanismes pré-existants d’apaisement, inhérents au bon fonctionnement des familles étendues de l’élite patricienne de Gand, gestionnaires de richesses, de renom et de pouvoir politique. C’est ce mécanisme qui, par le biais d’une élite à la tâche lourde, est à la base d’une stabilité sociale remarquable, une stabilité nullement garantie par l’État, ni par un quelconque mécanisme officiel de gestion de conflit émanant des autorités de la ville.
Veerle Vanden Daelen
‘State in the city? Integration and separation of Jews in Antwerp in the twentieth century’
The presence of ‘foreigners’ in European cities is often depicted as an important and central problem for society. The largely orthodox Jewish community in Antwerp forms via its language, religion, cultural background and economic activity a ‘cluster of identities’ that marks a ‘difference’ between Jewish and other inhabitants of the city. This contribution focuses on this segregation, searching for definition, interpretation and historical explanation throughout the twentieth century. What is integration and how can we place the Jewish community of Antwerp in this sociological framework?
‘Un état dans la ville? Intégration et séparation des Juifs à Anvers au travers du vingtième siècle’
Aujourd’hui, la présence des ‘étrangers’ dans les villes européennes est souvent décrit comme un problème important et central pour la société. Par sa langue, sa religion, son background culturel et son activité économique, la communauté juive d’Anvers, qui est d’un caractère très orthodoxe, a formé un ‘cluster d’identités’ qui marque une ‘différence’ entre les habitants juifs et autres dans la ville. Cette contribution met le focus sur cette ségrégation, en cherchant des définitions, des interprétations et des explications historiques dans l’histoire du vingtième siècle. Que signifie le mot intégration et comment interpréter la situation de la communauté juive d’Anvers dans ce contexte sociologique?
Joks Janssen
‘Urban development as a social and religious issue. The “big-city” advisory body and the regional planning of Eindhoven and its surroundings (1956-1960)’
At the beginning of the 1950’s the mainly Catholic and rural province of North-Brabant found itself in a transitional phase. The industrialisation process was persistent and the cities, principally Eindhoven, expanded enormously. For the regional Catholic elite these changes caused immediate questions about how to respond to these big-city problems. This article examines the Catholic discourse on urbanity by the so-called ’big-city’ advisory body. This body, consisting of several social scientists, urban planners and politicians, was founded to advise the provincial authority on issues related to urbanization. The recommendations put forward by the body, such as a concentration of the population growth in the cities instead of the countryside, however, were not taken over by the provincial authority. Although this can be partially traced back to different opinions within the Catholic pillar on cities and urbanity (traditionalists versus modernists) this article suggests that the political and governmental struggle between the provincial authority and the town council of Eindhoven on the responsibility for the regional development of Eindhoven and its surroundings (decentralisation versus concentration) has to be taken into account in order to explain the rapid cancellation of the advisory body in 1956.
‘Les influences socioreligieuses sur le développement urbain. La commission “la Grande Ville” et l’organisation spatiale de la région d’Eindhoven (1956-1960)’
Au début des années cinquante la province du Nord du Brabant à prépondérance catholique et rurale s’est trouvée dans une phase de transition. Le processus d’industrialisation s’accélérait et les villes, principalement Eindhoven, connaissaient une expansion considérable. Les élites régionales catholiques désiraient répondre aux problèmes susceptibles de se faire jour dans une grande ville. Cet article examine le discours catholique portant sur la ville et l’urbanisme telle qu’il fût développé par la commission ‘la Grande Ville’. Cette commission, qui réunissait des scientifiques sociaux, des urbanistes et des politiciens, fût fondée en 1954 et avait pour but de conseiller le conseil provincial sur les conséquences sociales et religieuses de l’expansion urbaine. La commission recommandait de loger en ville l’afflux de population ; avis rejeté par le conseil provincial. Notre article met en parallèle un double conflit. Entre traditionalistes et modernistes, à l’intérieur du ‘pilier’ catholique, les divergences s’exaspéraient quant au développement urbain. L’affrontement entre le conseil provincial et la ville d’Eindhoven avait le même enjeu: le développement spatial et économique du Sud-est du Brabant (centralisation ou décentralisation). La suppression, en 1956, de la commission n’a pas d’autre origine.